En Occident, il n’existe pas de formation reconnue en danse africaine, contrairement à ce qui se fait pour les danses classique, contemporaine, jazz, modern. Tout un chacun a donc le droit de s’improviser ou de s’autoproclamer professeur de danse africaine, pourvu qu’il sache reproduire un ou quelques pas de danse dite « ethnique », « traditionnelle », « folklorique », voire « ancestrale ».

Clair de lune. Chorégraphie Alphonse Tierou au café de la danse à Paris

Conséquence, il existe sur le marché européen une multitude de « profs » autoproclamés, sans aucune notion de pédagogie, ni de composition. Par ailleurs, le diplôme de danse jazz, contemporaine ou classique, que mettent en avant certains professeurs de danse africaine en Europe, n’est nullement une garantie quant à la qualité des cours et, surtout, à la connaissance de ce style de danse qui a ses codes, ses lois, sa philosophie, sa technique et son rapport spécifique à la musique. Précisons que l’étude de la danse africaine ne figure pas au programme de ces diplômes de danse.

D’autre part, les rapports que la danse africaine entretient avec sa propre culture ont bien souvent été balayés au profit de discours invraisemblables et de mouvements d’aérobic qualifiés de danse africaine. Ainsi, se trouve-t-elle diluée dans des techniques extra-africaines, y compris dans des universités et conservatoires africains sous l’appellation illusoire de « danse africaine moderne » ou « contemporaine ». Ce qui laisse sous-entendre que l’Afrique a besoin de l’Occident pour faire « contemporain » ou « moderne », comme nous l’avons déjà vu dans ces colonnes.

Pourquoi un livre sur la danse africaine ?

Toute danse s’enracine dans la culture qui l’a produite. Par exemple, la danse classique s’enracine dans la culture occidentale. La danse orientale s’enracine dans la culture orientale. La danse africaine doit donc s’enraciner dans la culture qui l’a produite, tant sur le plan linguistique que sur le plan des techniques spécifiques à ces danses.

La danse est un art et l’art nécessite un savoir-faire. Il nous faut donc penser l’enseignement de la danse africaine en termes d’art dans toute sa noblesse et non en tant que phénomène sociologique. Pour cela, la recherche reste notre seule issue. C’est une des raisons qui a conduit à la publication du livre bilingue français/anglais Alphabet de la danse africaine saluée par la presse internationale et que nous vous recommandons vivement ! Fruit de nombreuses années de recherche, cet ouvrage est aussi un livre qui met la danse africaine à la portée de tous et nous fait découvrir une danse qui est l’héritière de civilisations millénaires aussi vieilles que Babylone.